
Le drone Griffin, qui transporte des échantillons médicaux, a effectué son vol inaugural entre le Kirchberg et Junglinster, jeudi matin.
Le toit des Hôpitaux Robert-Schuman (HRS), au Kirchberg, au petit matin. Hugo Larue, de Luxembourg Air Rescue (LAR), place dans un drone rouge vif une pochette contenant des échantillons sanguins. Tout est vérifié, un petit coup de fil à la tour de contrôle pour prévenir et le drone peut commencer à s’élever à la verticale, avant de prendre de la vitesse et de filer dans le ciel bleu azur. Direction les Laboratoires réunis, à Junglinster, une douzaine de kilomètres plus loin.
Le drone du projet Griffin, qui vise à transporter par les airs des échantillons médicaux, a effectué jeudi matin son vol inaugural, devant un parterre d’invités, dont des partenaires du projet et trois ministres (Yuriko Backes pour la Mobilité, Lex Delles pour l’Économie et Martine Deprez pour la Santé). «Aujourd’hui, on avait un tout petit peu de vent dans le bon sens, donc on a mis 9 minutes 30», pointe Hugo Larue, de LAR, qui pilotait le drone depuis le Kirchberg. Le temps de décharger, à Junglinster, les échantillons envoyés, «pour l’aller et retour en tout, on a compté 20 minutes». Par la route, au même moment, il fallait compter quatorze minutes pour l’aller simple, à un moment où la circulation était encore fluide.
«On est très optimistes» – Dr Marc Berna, directeur général des HRS
«Les avantages pour nous sont la rapidité, la sécurité et d’être indépendants des problèmes de trafic sur les routes dans notre pays. C’est aussi une façon très durable de transporter des échantillons de petite taille», avance le Dr Marc Berna, directeur général des HRS. Un tel vol permet de transporter «une bonne centaine de tubes sanguins», ajoute-t-il. Pour le moment, l’idée en est au stade du projet pilote.
S’il est convaincu des avantages du drone, le Dr Berna pointe qu’il faudra «faire des calculs économiques pour voir si, à la longue, ce genre de fonctionnement peut se financer ou pas. On n’a pas encore tous les éléments, mais on est très optimistes.» Le budget précis d’un vol comme celui de ce matin n’est pas encore posé.
En attendant, ce vol a été riche en enseignements et encourageant. «On est très content du déroulé du vol, on a pu le suivre en temps réel», explique Hugo Larue. «Le pilotage en soi n’est pas particulier. On a quelque chose qui est bien calé dans le drone, dont on connaît le poids à l’avance. En revanche, il y a un peu de travail en amont», en raison de la spécificité de la matière transportée.
D’autres échantillons que le sang
«Il y a un travail réglementaire à faire pour être sûr que rien ne se passera mal avec l’échantillon». La proximité de l’aéroport oblige notamment à quelques vérifications, et à des contacts avec la tour de contrôle, même si «le trafic aéroport n’est pas affecté». Pour le Dr Berna, «le projet pilote nous a permis de constater qu’on peut gérer toutes les limitations de la réglementation et la technologie disponible. Pour nous, c’était très important de montrer la faisabilité concrète de ce projet».
LAR continuera à mener les tests du drone. Si le projet pilote est concluant, le sang ne sera sans doute pas la seule matière transportée. «Rien que dans notre domaine, on peut penser à d’autres types d’échantillons biologiques de petite taille, comme tous les prélèvements qu’on fait dans nos polycliniques, endoscopies et autres», anticipe le Dr Berna. «On peut aussi transporter des médicaments de cette façon, par exemple».